L'Indice Biologique Global Normalisé (IBGN)
Norme AFNOR NF T 90-350 (Mars
2004)
L’Indice Biologique Global Normalisé ou IBGN permet d’évaluer la qualité hydrobiologique d’un cours d'eau, par l’intermédiaire de la composition des peuplements d’invertébrés benthiques vivant sur divers habitats (couples support/vitesse). Dans les cours d’eau qui permettent la visibilité et l’accessibilité des différents supports à prospecter, on procède en évitant les zones des sources, les cours inférieurs des grands cours d’eau et les milieux atypiques (canaux et estuaires).
La méthode permet, dans les conditions naturelles de stabilité hydraulique et dans les limites de sa sensibilité, d’évaluer l’incidence d’une perturbation sur le milieu récepteur.
Une note indicielle, comprise entre 0 et 20, détermine la qualité globale du milieu aquatique.
Le Caramy à Vins-sur-Caramy (cliché DIREN PACA)
La mise en œuvre de la méthode se fait en 3 étapes : Le Prélèvement, l’Analyse, le calcul de l’Indice.
Le Matériel
Pour les prélèvements effectués en faciès lotique:
Pour les prélèvements effectués en faciès lentique:
Préparation du prélèvement
Si possible, avant les prélèvements, les débits seront consultés à partir des données des stations hydrométriques télétransmises (cellule hydrologie de la DREAL PACA ou organismes fournissant ces données).
Pour l'intervention sur le terrain, il est nécessaire d'attendre que les perturbations éventuelles dues aux crues disparaissent. Les prélèvements sont réalisés dès que les conditions requises le permettent (stabilité hydraulique), pour l'investigation des habitats d'une station, en s'éloignant des événements hydrologiques exceptionnels, dommageables pour la faune aquatique. En moyenne, une quinzaine de jours permet le retour à une situation normale.
Prospecter globalement les supports de la station en repérant les 8 couples S-V (Substrat-Vitesse) qui seront échantillonnés, en évitant à tout moment de piétiner inutilement le lit mineur. Cette prospection devra être faite prioritairement sur les supports les plus représentatifs et hospitaliers pour la faune, dans la classe de vitesse où le support est le plus représenté. Si la station ne présente pas les 8 supports, on complètera les habitats par des prélèvements réalisés sur des supports dominants ou sub-dominants dans des classes de vitesse différentes.
Un minimum de deux périodes par an est nécessaire pour bien juger un milieu. Une seconde période de prélèvement permet de mesurer l'écart entre la situation la moins favorable et la situation la plus favorable (généralement au printemps).
MODELES DE FICHES DE TERRAIN
CARACTERISTIQUES
MORPHODYNAMIQUES
CODE
STATION : |
DATE
DE PRELEVEMENT : |
CONDITIONS :
LARGEUR :
COURS
D’EAU :
STATION :
PRELEVEMENTS
EFFECTUES PAR:
DEBIT
ESTIME :
VISA :
On prélèvera en priorité les habitats de l’aval vers
l’amont, et si les conditions de prélèvement le permettent, on reprendra l'ordre
de l'hospitalité décroissante de la norme de 9 à 0 des supports les plus
biogènes vers les moins biogènes.
Le préleveur estime l'intervalle de vitesse
§
Pour les faciès lotiques :
La base du
surber est posée sur le fond du lit de façon à encadrer l'habitat à
échantillonner sur une surface 1/20 de m2, l'ouverture du filet face au courant,
le support est nettoyé à la main, et les substrats meubles sont échantillonnés
sur une épaisseur de quelques centimètres. Ne pas oublier de nettoyer le filet
entre chaque prélèvement sans influencer les habitats à prospecter
ultérieurement.
§
Pour les faciès lentiques :
La prospection
au haveneau s'effectue en général par traction sur 50 cm ou bien, par mouvements
de va et vient sur une même surface et pour une profondeur d'eau permettant
l'utilisation de l'instrument de prélèvement. Verser le prélèvement dans le
tamis supérieur. A l'aide de la colonne de tamis, effectuer un premier tri afin
de réduire le volume de l'échantillon, verser le contenu des différents tamis
dans un pot. Ne pas oublier de nettoyer l'ensemble du matériel après le
prélèvement.
§
Pour les supports végétaux (macrophytes):
Seul le support doit être prospecté sur 1/20 m2 et non pas
la partie dans lequel il est implanté.
§
Pour les blocs supérieurs à la dimension du cadre:
Se placer à l'aval du bloc et prospecter la surface du
support.
Chaque prélèvement effectué sur les 8 supports
est transvasé dans le pot correspondant, dans lequel a été ajouté préalablement
280 cm3 d'eau de rivière.
On complète ensuite l'ensemble
des fiches de terrain. Une photographie de la station peut être incluse dans le
rapport d'essai, afin d’y localiser les points de prélèvements.
La conservation des invertébrés se fera sur le terrain en
ajoutant 10 cm3 de formaldéhyde à 36 % (de façon à ce que la teneur en
formaldéhyde soit de 10%). La formolation pourra être augmentée ou diminuée, au
jugé de l'hydrobiologiste, en fonction de la richesse en matière organique de
l'échantillon (vases, végétaux…).
L’ANALYSE
Matériel
- Le lavage
· Tamis de différents maillages
· Hotte aspirante
· Bonbonne de récupération des eaux formolées
· Cuvette
· Douchette
· Cahier de paillasse annuel propre à chaque hydrobiologiste
- Le Tri
· Loupe monoculaire
· Loupe binoculaire avec source froide
· Pinces Brucelles
· Piluliers
· Formol à 10 %
· Pissettes d'eau du robinet
· Cahier de paillasse propre à chaque hydrobiologiste
- Détermination
· Loupe binoculaire avec source froide
· Boîtes de pétri
· Formol à 10 %
· Pinces Brucelles
· Pissettes d'eau du robinet
· Piluliers
· Cahier de paillasse annuel propre à chaque hydrobiologiste
·
Manuel pour la détermination "INVERTEBRES D'EAU DOUCE,
systématique, biologie, écologie" (CNRS/Université Claude-Bernard, Lyon I).
LYMNAEIDAE (Clichés DIREN P.A.C.A) CORBICULIDAE
Le lavage
Le Tri
Cette opération consiste à extraire la faune du substrat contenu dans l'échantillon.
Elle se fait à la loupe binoculaire.
ODONTOCERIDAE (Clichés DIREN P.A.C.A ) ATYIDAE
· Récupérer dans des grandes boites de pétri (9 cm) de petites fractions de l'échantillon.
· Retirer un échantillon d'invertébrés représentatif tel qu'il est défini dans la norme NF T 90-350 de mars 2004 et les répartir dans les boites de pétri pour la détermination.
· Une fois le tri soigneusement effectué,
verser le résidu dans la poubelle pour être évacué par l'organisme chargé du
nettoyage du laboratoire.
La Détermination
A l'aide de l'ouvrage, des clés de détermination et de la collection d'invertébrés si nécessaire, déterminer la nature des taxons triés selon le niveau de précision demandé par la norme NF T90-350.
Renseigner au fur et à mesure la liste faunistique du cahier de paillasse. Ne pas oublier d'indiquer le dénombrement.
Les comptages sont exhaustifs jusqu'à 3 individus et 10 pour les familles repérées par un astérisque sur la liste faunistique. Au delà, une image simplifiée de l'abondance relative est indiquée :
Pour la traçabilité, les taxons déterminés sont répartis par famille :
· Dans un premier pilulier étiqueté, pour le taxon indicateur.EPHEMERIDAE (Photos DIREN P.A.C.A ) TAENIOPTERYGIDAE
On détermine à partir des 2 tableaux successivement
:
- La
variété taxinomique de l'échantillon, égale au nombre total de taxons récoltés,
même s'ils ne sont représentés que par un seul individu. Ce nombre est inféodé
aux classes de variété figurant dans le tableau.
- Le groupe faunistique indicateur (GFI), en ne prenant en
compte que les taxons indicateurs représentés dans les échantillons par au moins
3 individus ou 10 individus selon les taxons. La détermination du GFI s'effectue
en prospectant le tableau de gauche à droite (GFI 9 à GFI 1) et en arrêtant
l'examen à la première présence significative (n > 3 individus ou n > 10
individus) d'un taxon du répertoire du tableau.
On calcule l'IBGN à partir du GFI et de la classe de variété. Par exemple :
GFI = 9 et Variété
Taxinomique = 19 (classe de variété = 6) alors
IBGN = 14
GFI = 4 et Variété
Taxinomique = 30 (classe de variété = 9) alors
IBGN = 12
Taxons |
>50 |
45 à
49 |
41 à
44 |
37 à
40 |
33 à
36 |
29 à
32 |
25 à
28 |
21 à
24 |
17 à
20 |
13 à
16 |
10 à
12 |
7 à 9 |
4 à 6 |
1 à 3 |
Classe de variété |
14 |
13 |
12 |
11 |
10 |
9 |
8 |
7 |
6 |
5 |
4 |
3 |
2 |
1 |
Taxons |
Chloroperlidae Perlidae Perlodidae Taeniopterygidae |
Capniidae Brachycentridae Odontoceridae Philopotamidae |
Leuctridae Glossosomatidae Beraeidae Goeridae Leptophlebiidae |
Nemouridae Lepidostomatidae Sericostomatidae Ephemeridae |
Hydroptilidae Heptageniidae Polymitarcidae Potamanthidae |
G.F.I |
9 |
8 |
7 |
6 |
5 |
Taxons |
Leptoceridae Polycentropodidae Psychomyidae Rhyacophilidae |
Limnephilidae Hydropsychidae Ephemerellidae Aphelocheiridae |
Baetidae Caenidae Elmidae Gammaridae Mollusques |
Chironomidae Asellidae Achètes Oligochètes |
|
G.F.I |
4 |
3 |
2 |
1 |
|
En gras les taxons représentés par au
moins 10 individus
LES AVANTAGES ET LES
LIMITES DE L’INDICE
L'emploi
de l'IBGN est spécialement indiqué pour les perturbations qui induisent une
modification de la nature du substrat et de la qualité organique de l'eau :
rejet de type urbain à dominante organique, pollution par les matières en
suspension, effets secondaires de certains types de rejet (organiques,
métalliques) et de l'eutrophisation par modification des fonds.
Si l’on retrouve une certaine stabilité dans l’espace et
dans le temps des populations d’invertébrés à plusieurs niveaux trophiques
(consommateurs primaires, secondaires, etc…) et si la répartition des espèces
bio-indicatrices se fait de manière uniforme sur les écosystèmes
aquatiques ; la globalité de la méthode ne
permet pas d'interpréter avec certitude les causes d'une note basse ; on peut
tout au plus diagnostiquer une altération du milieu et émettre des hypothèses
quant à ses origines. Des analyses physico-chimiques complémentaires seront
alors nécessaires.
Les invertébrés présentent des sensibilités sélectives aux
différents facteurs de perturbation.
Les
effets d'une même perturbation peuvent s'exprimer de manière différente selon le
niveau typologique du site.
La valeur
de référence est voisine de 20 dans la plupart des milieux non perturbés, mais
elle peut être plus faible dans des situations typologiques extrêmes ou des
milieux particuliers (sources, ruisselets, rivières à régime torrentiel, zones
calmes des grands cours d'eau, estuaires) sans qu'une perturbation en soit la
cause ; d’où la nécessité avec la nouvelle directive européenne d’implanter
des stations de référence sur les diverses hydroécorégions et par types de cours
d'eau.
La valeur
de l'IBGN peut présenter une variabilité saisonnière, conséquence des cycles
biologiques de la macrofaune benthique et
de l'évolution des conditions locales. Par ailleurs l'IBGN traduisant la
structure d'une biocénose constituée d'organismes intégrateurs sur le long
terme, il est surtout sensible à des perturbations de type chronique ou bien à
des perturbations de type intermittent mais suffisamment intenses pour entraîner
une mortalité immédiate de la faune.
L'IBGN
fournit donc une note indicielle qui est interprétée en fonction des
caractéristiques du milieu.